jeudi 16 décembre 2010

L'histoire d'un pacte avec la vie ...

Les jours , les mois, et même les années défilent à une vitesse vertigineuse...
Mon petit homme est déjà plus proche de ses quatre ans que de son troisième anniversaire...
La dernière fois que j'ai donné la vie remonte à bientôt 4 années et un étrange paradoxe fait que c'est comme si c'était hier et à des années lumières en même temps !
Je pense que l'accomplissement d'une femme n'a vraiment lieu que le jour où elle devient mère et j'eus la chance de vivre cette expérience magique à trois reprises...
Trois fois un petit être à grandi à l'intérieur de mon ventre, trois fois j'ai accompli le miracle de la vie en me demandant encore aujourd'hui, même onze années après la première fois, comment moi Fofie ai-je pu faire cela !!! Trois fois, je me suis sentie vivante comme jamais !  Trois fois des centaines de fois j'ai reçu des coups de pieds et de poings, de jour comme de nuit, me rappelant qu'il ou elles étaient bien là, que je ne rêvais pas...
Et je ne compte plus depuis bien longtemps les fois où mes enfants me surprennent, m'émerveillent, me comblent de joie (Je ne compte plus non plus les fois où il m'agacent, m'énervent et me mettent hors de moi... Ben wé.... C'est aussi ça être maman !)

Lors des deux premières grossesses que je vivais je savais au plus profond de moi qu'elles ne seraient pas la dernière... Lorsque je portais Nahélé, j'ai vraiment pris conscience que mon corps avait vieilli... Tout me semblait beaucoup plus difficile, et ce dès les premiers jours, pourtant c'était la troisième fois et  cela aurait dû être plus simple puisque j'avais presque "l'habitude" !  Cette fois au contraire, tout me semblait insurmontable, je ne savais plus me lever le matin, ni m'empêcher de m'écrouler l'après-midi, j'étais trois fois plus fatiguée, j'avais l'impression que mes nausées elles aussi avaient triplées, et si il n'y avait que ça... Mon corps me hurlait que c'était devenu trop difficile...
J'ai passé 9 mois à faire le triste constat et à répéter, que décidément, ce n'était plus de mon âge !!! lol J'avais beau n'avoir que 30 ans, l'âge auquel certaines femmes attendent leur premier enfant, mon corps à moi avait déjà encaissé beaucoup, et je devais maintenant m'occuper de mes deux filles en plus de gérer cette grossesse... Ce qui n'est pas de tout repos !
De plus, les problèmes rencontrés pendant ma grossesse avec  une amniosynthèse pratiquée au 7ème mois de grossesse, un diagnostic vital réservé jusqu'à la naissance et des gros ennuis de santé promis si la vie l'emportait ont fait que j'ai passé comme une sorte de pacte avec la vie...

"Si par miracle tout se passait bien cette fois-ci,
si par miracle  mon petit homme s'en sortait sans séquelle
 alors je m'engageais à écouter les "signes" 
qu'elle venait de m'envoyer pendant 9 mois 
et donc à ne plus tenter le quatrième... 
ni même le cinquième  ou le sixième d'ailleurs !".

Je pacte, je l'ai passé en silence, je n'ai jamais rien signé mais je m'y suis engagée avec la certitude que je ne devais absolument pas tenter de biaiser à l'avenir sans quoi je n'aurais peut-être plus la chance que j'ai eu jusqu'alors... C'est complètement irrationnel mais j'en ai pourtant la certitude...
Et puis, j'ai toujours au fond de moi le doute que mon corps ne soit plus capable d'orchestrer à la perfection  une telle "création", vous imaginez le mécanisme complexe qu'est celui de la vie... La moindre petite erreur peut avoir des conséquences irréversibles ! Moi, deux fois j'ai réussis sans problème, la troisième est passée, mais alors vraiment de justesse... Je ne vais pas tenter le diable comme on dit !
Et puis, j'ai aussi un petit peur pour moi, je n'ai pas honte de le dire... Deux accouchements  sur trois ont été très limite... Mes trois gnômes ont besoin de leur maman en pleine forme de longues années encore...

Nous avons donc choisis de nous contenter de 3 enfants en bonne santé, plutôt que 4, 5 ou même 6 sans certitude !

En soi, c'est une décision assez sage et même très raisonnable, pourtant je ne me sens pas très bien...
En renonçant à avoir d'autres enfants, c'est un peu comme si je renonçais à mon statut de femme... Un peu comme si mon corps, mon ventre et mes seins avaient perdus leur utilité première, ce pour quoi ils ont toujours été fait... Pourtant "la machine n'est pas cassée"... C'est un peu comme si je mettais une voiture qui roule encore à la casse juste parce que j'ai l'intime conviction que lors du prochain voyage elle allait rendre l'âme !

Parfois, je suis là immobile, n'importe où, dans ma salle de bain, dans une salle d'attente, en passant devant le rayon layette des supermarchés, je regarde mon ventre plat (enfin plat c'est un grand mot ! lol), mon ventre sans vie et les larmes montent à la simple idée qu'il ne soit plus jamais rond.. je me sens comme une coquille de noix...vide !


Je me raisonne en me répétant que je ne suis qu'une sale gamine gâtée pourrie, que j'ai eu une chance insolente de donner la vie, à trois reprises, à trois enfants qui aujourd'hui respirent la vie et la santé... Je pense à ces femmes qui ne parviennent pas à tomber enceinte ne serait-ce qu'une fois, à ces femmes qui ne peuvent physiologiquement pas porter de bébé et une partie de moi à honte de ressentir tout cela et d'oser être triste malgré tout...
Mais cette partie de tristesse ne s'estompe pas... Cela fait plusieurs mois qu'elle me suit comme mon ombre, qu'elle re-surgit au coin d'une rue lorsque je croise une femme enceinte, quand je retombe sur un vêtement de bébé, un biberon oublié dans le placard, quand j'efface petit à petit les traces de la petite enfance dans notre maison, parce que je ne peux pas laisser un matelas à langer dans la salle de bain alors que Nahélé ne porte plus de couche, parce que maintenant il boit du chocolat comme les grands et plus ses céréales infantiles et que maintenant que la boîte est périmée depuis des mois je dois finir par me résigner à m'en séparer...

J'ai 33 ans, les 3 plus belles choses que j'ai accomplie dans ma vie sont "derrière moi", que me reste-t-il devant ? A quoi est-ce que je peux encore servir ? Bien sûr mes 3 gnômes ont besoin de moi pour  les dizaines d'années à venir... Bien sûr que je suis là et que je continuerai de l'être....Mais une partie de moi est comme morte...  Et ce n'est pas facile d'en faire le deuil..
Les jours où je suis fatiguée, les soirs où il me reste moins de courage que les autres pour lutter contre les idées sombres je me vois quasiment ménopausée et en maison de retraite... Alors j'esquisse un sourire en me disant que je délire à plein tube et que j'ai plein de choses à accomplir... Toutes ces choses que je n'ai pas pû faire avant de tomber enceinte puisque Lola à débarquée très rapidement dans notre vie  et qu'à 21 ans, j'avais un tas de projets que j'ai reporté et que je vais bientôt pouvoir concrétiser... Mais après avoir connu la maternité, le reste parait soudainement bien fade...

Suis-je la seule ?

4 commentaires:

  1. Coucou ma belle !

    C'est sûr que ce ne doit pas être facile. Mais tu le dis toi-même, tu as déjà 3 magnifiques enfants. Et ta vie de femme et de Maman n'est pas terminée puisque tu vas devoir d'en occcuper encore de longues années.

    Quand vraiment tu déprimes, pense à moi qui voulais une famille nombreuse......

    La vie nous apprend que quand on n'a pas ce que l'on aime, il faut aimer ce que l'on a.

    Je te fais plein de bisous !

    Ta copine des Alpes

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  2. Coucou Fofie !

    Je ne suis pas maman mais ce que je lis me touche beaucoup.
    Tu vas surement te dire " mais qu'est ce qu'elle dit celle là ! elle ne peut pas comprendre ce que je ressens et elle veut me faire la leçon..."

    Même si je n'ai pas porté la vie en moi, je suis complètement convaincu par ta vision des choses : la maternité, fait marquant dans la vie d'une femme, fait se sentir plus vivante que jamais. C'est un beau cadeau. Je comprends qu'on aurait envie de le sentir encore et encore...

    Loin de moi l'idée de jouer à la féministe ni à la psy de comptoir mais je crois sincèrement que pour être épanouie une femme a besoin de sentir l'équilibre et l'harmonie entre tous les niveaux de son être : son psyché, son corps de femme, sa faculté à être maman,et son statut de FEMME envers son mari.

    Ce qui me fait penser que cette "souffrance" que tu ressens, provient peut être du fait que tu dois être plus en contact avec ta faculté d'être mère et de donner la vie. Ce qui fait que les autres niveaux se retrouvent un peu ou beaucoup je ne sais pas, écrasés.

    Si j'étais ta meilleure amie, lol, je te dirais d'essayer d'observer et de regarder les autres niveaux en toi,de mettre en place des choses pour les rebooster.

    Histoire de dire à ton instinct naturel de maman : " eh ! t'as vu t'as fait 3 beaux enfants! je te félicite, mais tu a vu pourquoi ça s'est produit ? Grâce à ta personnalité, à ton corps de femme, et à ton pouvoir de séduction tu as fait naître l'amour entre ton mari et toi." = chtits gnomes !!!

    Tout ça pour dire que tu es un tout, et que tu peux rééquilibrer tout ça pour te sentir mieux. A mon sens.

    C'est comme si, sous prétexte que tes rosiers ont donnés de jolies roses. tu n'allais plus leurs donner la quantité qu'il leurs faut de soleil,de terre, de l'eau ...

    Ce long commentaire pour te soutenir tout simplement. J'espère qu'il y contribuera.

    Bises, Hélène.

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  3. c'est la première fois que je lis quelque chose d'aussi profond sur toi, ton ressenti.

    Et je t'avoue que là, en te lisant jusqu'au bout, j'ai les larmes aux yeux ...

    je ne pourrais pas te donner de conseille pour que tu aille mieux, je ne pourrais pas te donner d'avis de mére puisque je fais partie de celles qui en ont pas...

    tout ce que je te souhaite, c'est que tout aille pour le mieux pour toi dans les jours prochains.

    que tu te sente vivante, entiére et pleine de vie !!!!

    sinon, c'est moi qui monte et qui te botte le Q !!! lol

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  4. Bonsoir...
    je découvre votre blog ce jour. Et ce soir, je tombe sur cet article. Je l'avoue, je pleure en le lisant, tellement je me retrouve dans ce que vous dites : faire le deuil de la maternité, c'est difficile, douloureux. J'ai deux adorables petits garçons mais je sais qu'un petit troisième (une fille, qui sait ?) serait accueilli avec une choix énorme et intense par moi-même et mon époux. Hélas, j'ai 40 ans dans quelques semaines... et cela me fait peur.
    Et nous avons d'autres projets, énormes et exaltants à mener de front. Une grossesse, ce serait trop... pas de suite.
    Bref, je voulais juste vous dire merci d'avoir trouvé les mots justes pour exprimer ce désarroi qui m'étreint le coeur en ce moment. Merci !

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