jeudi 6 septembre 2012

Le ch'timi qui a vaincu les montagnes Pyrénéennes !!!

Le premier article que je rédige à mon retour de vacances (hormis le tirage au sort qui ne compte pas vraiment et celui qui dit que je suis bien rentrée) est pour rendre hommage à mon traileur et passionné de mari...
Un hommage largement mérité puisque je vais vous parler d'un homme qui passionné par la course dans les montagnes s'est entraîné chaque jour sans relâche depuis 5 années maintenant , (alors que nous habitons le nord de la France, aussi appelé "plat pays") ; et ce qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige...qu'il fasse -10° ou +35° !!! 
Chaque jour, dimanche et fériés inclus depuis l'été 2007 où il a terminé son premier Ultra-trail de montagne à Chamonix (Rappel ici pour les nouveaux), il ne rêvait que d'une chose : revivre ces instants magiques mais avec moins de souffrances, d'où l'entraînement intensif qu'il s'infligeait !
(Perso je suis bien consciente du paradoxe de cette phrase genre pour pas souffrir une fois dans l'année t'en chies tous les jours 1h30 à 3h !!! Mais lui, ça lui passe à des kilomètres au dessus de la tête ! lol)

Nos maigres finances ne lui permettaient pas de parcourir la France comme grand nombre de coureurs, allant de courses en courses... Non pour lui c'était une grosse course de montagne par an... Calée avec les vacances familiales, pas deux...UNE !!! Alors il la préparait soigneusement cette course qu'il ne fallait pas rater...

Mais depuis, la vie ne lui a pas fait de cadeau !!!
• En 2008... Il a fait un malaise cardiaque peu après le départ (article ICI et verdict médical LA , la faute à un médicament aux effets secondaires hallucinants...)
• En 2009 : Une violente crise de fibromyalgie à quelques jours du trail le clouait au lit (lecture par ici)
• En 2010 : Tout allait bien, on y était prêt à prendre le départ, sauf que les conditions météorologiques étaient tellement apocalyptiques que le départ a été purement et simplement annulé : sous des trombes et des trombes d'eau et de neige il était impensable de laisser s'aventurer les traileurs en haute montagne.
• En 2011 : Une intolérance au lactose lui a anéanti le ventre avant de prendre le départ du grand raid des pyrénées... Les intestins en feu, après avoir "fertilisé" la montagne à de nombreuses reprises au point d'en voir des papillons il a rendu son dossard au Kilomètre 30 très énervé et frustré !!!

Et malgré tout cela ma "tête de pioche de mari" s'est obstiné et entêté, persuadé que cela finirait par porter ses fruits un jour...

Alors quand à 1 semaine du départ de la course il a re-déclenché des fortes diarrhées occasionnant systématiquement une intolérance au lactose, (alors qu'il n'a rien eu de toute l'année et que la dernière était au même endroit un an plus tôt) il s'est cru maudit et a très sérieusement pensé à se faire "démarabouter" de quelque sort qu'on ait pu lui jeter !!! 

Sauf que cette année nous étions riches de nos expériences des années précédentes... L'intolérance au lactose, on gère maintenant !!!Et nous avons toujours toute notre pharmacopée naturelle avec nous,il a ainsi pu se blinder d'ultra-levure, charbon etc...
Il ne suffisait plus que de revoir toute son alimentation de course, (contenant  à 95% du lactose en plus ou moins grande quantité... Puis il fallait aussi prier pour que cela tienne !!! lol
Et ça a tenu !!!


A 5heures du matin sur la ligne de départ, des sandwichs de confiture plein son sac (Ben quoi ? Y'a pas de lactose dans la confiture !! lol)... Il était bien décidé à en découdre avec ces satanées montagnes et de préférences en 22 heures (Même temps que sur sa dernière course de montagne mais avec un terrain beaucoup plus technique qui ralentit fortement la progression!!!)


Quelques heures plus tard il pulvérisait son record horaire avec plus d'une heure trente d'avance sur la première barrière horaire d'Artigues (contre 15 minutes l'an dernier)  mais était très inquiet du réveil violent d'une blessure de son dernier trail... Grosse tendinite à la hanche quand il reste encore presque 4000 mètres de dénivelés positifs à grimper et 50 kilomètres à parcourir, ce n'est pas du tout gagné !!!!
Heureusement, j'avais ce qu'il fallait dans mon sac pour glacer la blessure et strapper la hanche...
Au pire il devrait abandonner au prochain ravitaillement mais au moins il serait allé plus loin que l'an dernier et en aura profiter encore un petit peu...
Au mieux, il avancera lentement mais sûrement et ira peut-être au bout ! Quoi qu'il en soit, y'avait rien à perdre puisqu'il était en forme, mais avait juste cette douleur qui se réveillait...


Quelques heures plus tard, nous l'avons retrouvé au Col du sencours, au pied du pic du Midi... Frais comme un gardon, avec une douleur qui n'avait pas empiré grâce au strap' et au froid...
Il est donc reparti pour l'ascension de ce satané Pic dont il rêvait depuis plus d'un an et ce avec une bonne marge de sécurité puisqu'il avait  2h15 d'avance sur le temps limite!!!
Auxquelles se sont greffées 20 minutes supplémentaires à l'arrivée au sommet du Pic...
Malheureusement les conditions météorologiques n'étaient pas vraiment favorables...


...Le brouillard à couper au couteau, la pluie... un vrai temps de ch'timi quoi !!! Du coup, question paysage c'était assez limité  et il faudra revenir pour découvrir les sommets et lacs de là-bas !!!



 A Tournaboup, toujours avec son amie montagnarde (et compagne de galère), il quittait le ravitaillement sous la pluie  (qui ne cessait plus de tomber depuis déjà une paire d'heures) et avec plus de 3h15 d'avance sur la barrière horaire... direction le tout dernier ravitaillement !!!


C'est là que les choses se sont un peu corsées...
Un passage de 20 kilomètres de montagne, sans assistance, sans secours, et même sans réseau téléphonique !!!
Alors lorsque sa copine s'est écroulée suite à un malaise il lui était impossible de la laisser en plan...
Pour ce qui était de prévenir les secours, il y en avait pour une paire d'heures, le temps de regagner le prochain ravitaillement et joindre les secouristes ...
Comme mon petit mari est très prévenant, il a toujours tout ce qu'il faut dans son sac, quit à devoir porter un petit peu plus lourd, cela peut toujours servir...
Il lui a donc porté assistance et l'a aidé a repartir à son rythme, "lentement très lentement" mais "sûrement, très sûrement" ;-)!!!
Il a ainsi laisser filer plus d'une centaine de traileurs... (sur 2 heures de temps :-(  ...)
Mais comme ils s'étaient promis de finir ensemble, ils allaient terminer ensemble, et ce peu importe le temps que cela prendrait puisque de toutes façons ils étaient large en barrière horaire...

C'est donc ensemble et en courant qu'ils ont terminé cette course en 19h30, soit 5h30 avant la barrière horaire, le classant ainsi dans la première moitié des arrivants!!!
Bien évidement, il n'a pu s'empêcher de clamer haut et fort son devenu célèbre :
"Bon le grand raid des Pyrénées... c'est fait !!! Y'a quoi d'autre à faire dans le coin ???"

Jamais je n'avais vu mon mari si frais après un 80 kilomètres...et encore moins en prenant en compte le facteur montagne et 5000mD+ !!!
Il est rentré à l'appartement dans le normal, s'est offert une grosse goinffrade d'oeufs au plat, de riz, de jambon etc... S'est pris une bonne douche, a regardé et commenté toutes ses photos pour ne se coucher que 3 heures et demi plus tard...bref... Il était difficile de croire qu'il venait de terminer un Ultra-trail !!!

L'objectif que Christophe s'était fixé sur la ligne de départ (22h) est donc largement pulvérisé, et encore plus si on prend en compte les 2 heures de retard suite à l'assistance portée qui abaisseraient sa performance à 17h30 et son classement au premier tiers !!!!
Preuve que la persévérance paye toujours un jour ou l'autre !!!
Bien des montagnards de là-bas ont franchi la ligne d'arrivée bien après lui, voir ont abandonné...
Et lui, le petit ch'timi qui s'entraîne au dénivelé vertical sur la passerelle SNCF de la gare, lui qui habite à 850 kilomètres des premiers hauts sommets... Il a mis une sacré piquette à des vrais montagnards gagnant ainsi le respect de nombre d'entre eux !!!


Voilà pourquoi cela fait maintenant15 jours que mon mari est coincé en position sourire, un sourire que rien ni personne ne parvient à effacer pour l'instant !!!

Alors??? C'est pas le plus fort mon p'tit mari ???

4 commentaires:

Audrey a dit…

Félicitations a ton mari, quelle persévérence, avec toutes les galères qu'il a eu, il a bien raison d'avoir le sourire.

PS : si tournaboup est bien celui que je connais (entre barèges et le tourmalet), il a eu bien du courage de finir au pas de course, parce que ca grimpe sévère!!!

Fofie a dit…

> Audrey : C'est bien le Tournaboup entre le col de barrège (qu'il a aussi grimpé juste après, là-bas qu'il n'y a pas de réseau) et le Tourmalet...
Sauf que le tourmalet c'est moi qui l'ai grimpé en voiture (J'en paye encore le prix aujourd'hui avec mes vertiges !)
Lui est redescendu du pic du midi vers Tournaboup par le téléphérique de super barège...
Tu es du coin ???

Si tu connais un peu là bas le parcours était :
Vieille Aure - Col de Merlan - Artigues - Col du sencours - Pic du midi - Col du sencours bis - Tournaboup - Barège - Merlan - Vielle Aure !

Audrey a dit…

Je ne suis pas du coin mais j'y suis allé tous les ans pendant 20 ans l'hiver et plusieurs fois en été donc je connais un peu la pente !! effectivement en descendant, c'est plus facile de courir bien que ca doit etre epuisant aussi
En tout cas, encore felicitations a ton mari ettoi, remets toi bien.
Bises

kat 77 a dit…

BRAVO ! que dire d'autre...
je suis admirative...

Bisous !