jeudi 9 octobre 2014

Faille spatio-temporelle de deux mois ?

La semaine dernière, au volant sur le chemin du lycée, je papotais tranquillement avec ma grande fille...
Sujet du jour: les nouvelles copines formidables.

Quand dans le normal elle m'explique entre le feu rouge et la priorité à droite que la copine avec qui elle mange tous les midis est maman d'une petite fille de 9 mois!
Et là ce fut l'explosion dans la tête:
D'abord mon cerveau à enclenché la fonction "replay" deux ou trois fois de suite pour s'assurer qu'il avait bien entendu et compris cette petite phrase qui paraissait si anodine dans la bouche de ma fille et qui eut l'effet d'une bombe sur moi...
Tandis qu'il venait de se lancer dans de savants calculs pour déterminer à quel âge cette toute jeune lycéenne avait pu tomber enceinte pour que sa fille ait déjà 9 mois, tout en hallucinant sur sa précocité sexuelle, Lola balança la deuxième salve toujours aussi simplement sans même réaliser que pour le coup je venais de griller une priorité à droite heureusement déserte !
Et là elle m'explique que c'est arrivé à une soirée pendant laquelle son amie était totalement ivre, tellement d'ailleurs qu'elle ne se rappelle de rien !!! O_o

Deuxième bugg cérébral alors que fort heureusement j'étais arrivée sur le parking de l'école...
J'avais beau essayer de relativiser en me disant que le cas était suffisamment fréquent pour que l 'on en fasse une série télévisée, dans mes souvenirs du seul épisode vu, la jeune fille de la télé n'était pas en seconde, encore moins 9 mois après la naissance...
Et puis, dans la série y' a au moins un tout jeune papa dans le scénario , pas un illustre inconnu si lâche qu' il ne s'est même pas manifesté...

Trente six mille question fusèrent alors dans ma tête sur le pourquoi du comment une si jeune fille pouvait se retrouver en soirée avec tant d'alcool sans que personne ne soit intervenu...
Sur quel regard ma fille pouvait bien porter sur cette histoire ? Sur ses réactions, son analyse...
Tout cela doublé de l'envie de lui faire une morale intersidérale sur les dangers de l'alcool, des relations sexuelles non protégées...alors même que retentissait la sonnerie de reprise des cours!

Voilà comment je me suis retrouvée sur le parking, seule dans ma voiture, la tête complètement en vrac... Pour le coup j'ai bien failli lui faire sécher la première heure pour pouvoir éclaircir  le sujet mais elle a filé en moins de temps qu'il ne m'en faut pour l'écrire , profitant de ma stupeur et de ma perplexité, me criant un "bon après midi" de loin...
Comme si je pouvais passer une bonne après-midi après ça...
Quelle insouciance ces gnômes !!!

Vous imaginez bien que tout cela a donné lieu à un échange approfondi sur le sujet dès son retour des cours mais la n'est pas le sujet du jour...

Il faut dire que la semaine précédente , l'échange approfondi portait sur ces jeunes ados ( auttre copine) totalement livrés à eux même parce que la maman célibataire travaille de nuit et dort le jour...
Certes, pouvoir inviter qui on veut tous les soir pour dormir et manger tout ce que l'on veut quand on veut pouvait paraître attirant mais , même si elle ne le réalisait pas encore à son âge, la situation n'était pas simple à vivre à 15 ans et entraînait des complications insoupçonnées...

Débats sur lesquels il faut revenir plusieurs  fois pendant plusieurs jours pour répondre aux questions nées de la réflexion sur notre précédent échange... Bref c'est animé depuis la rentrée au lycée...
Et si il n'y avait que cela...

Avant-Hier c'était le suicide d'un étudiant de 14 ans en face de l'école qui a bouleversé tous les étudiants et dont il a fallu débattre et essayer d'expliquer l'inexplicable...
Débat encore ouvert ce jour et que je devine non clos suite aux rumeurs et supputations sur les causes de son acte...

Vous l'aurez compris, mon cœur de maman n'est pas loin de la panique là...

Mais où sont donc passés les gentils petits collégiens qui passaient leur brevet y'a 3 mois ???
Que s'est il passé les deux mois d'été pour transformer ces enfants insouciants en jeunes adultes inconscients ?
Que sont devenus les échanges de cour de récréation sur la dernière prestation du chanteur préfère ou sur la vitrine de la boutique de fringues du centre commercial voisin?


Maintenant ça parle alcool, drogues, bébé, suicide...
Comme ça... Presque du jour au lendemain!
Ces mots dans les bouches d'enfants , pas plus mûrs en septembre qu'ils ne l'étaient en juillet...
Je trouve cela d'une violence!


Voilà les plus grands de la cours de récréation du collège qui deviennent  soudainement les plus petits dans les cours de lycées au milieux de certains jeunes adultes avec leurs problèmes d'adultes sans pour autant qu'ils soient armés psychologiquement pour ne pas se laisser déstabiliser...

En tant que parents nous n'avons pas d'autre choix que d'accompagner ces situations délirantes à nos yeux...
Je suis également ravie d'apprendre qu'un professeur lance également le débat régulièrement et a même improvisé hier une projection sur le suicide des ados permettant d'ouvrir le débat à la fin du film...
Mais je ne cache pas ma peur...
J'en suis à un point où quand Lola est rentrée hier soir en clamant qu'elle avait un truc à me dire j'ai tressailli... Angoissée à l'idée de ce qu'elle pourrait bien me ramener encore comme info hallucinante sur laquelle il faudrait encore débattre en cherchant les mots les plus justes pour ces maux d'ados...
Et encore j'ai bien conscience d'avoir de la chance d'avoir une "ado bavarde" qui ne garde pas tout pour elle et qui nous laisse l'opportunité de dialoguer...

Alors Dieu merci, pour hier soir il ne s'agissait que du compte rendu du groupe de parole sur la première période scolaire , sorte de mini conseil de classe...
À la fin de son récit une voix tremblante à demandé "c'est tout? Rien d'autre?"
Même voix qui lâcha un soupire de soulagement quand elle me répondit qu'il n'y avait rien d'autre a raconter...

Alors je m'interroge ... Et vous avez peut être une partie des réponses que je cherche...
Est ce cela dans tous les lycées ?
Est ce particulièrement trash dans les lycées techniques parce que la "clientèle BEP/CAP/Bac pro"est en majorité moins élitiste et issue de classe sociale plus difficile que dans l'enseignement général ?
Pour ceux qui sont confrontés aux mêmes soucis... Vous gérez comment vous? Vous en pensez quoi ?


3 commentaires:

Nutella a dit…

oui ca fait peur... on a l'impression de ne pas savoir comment les protéger... tout en étant confrontés à des enfants qui ne veulent pas etre protégés non plus !
Mon grand n'est qu'en 3e mais il me parle déjà de copains qui fument, boivent, sortent jusqu'au petit matin en pleine semaine... Où sont les parents ? Mystère... Cela me fait peur car on est pourtant en campagne ! Je pensais naivement qu'en ville il y a plus de dangers...
Bref on semble avoir la chance d'avoir des ados qui nous parlent et qui échangent et j'espère réussir à ne pas couper cet élan de parole.
A ce sujet un livre formidable que je viens de découvrir de E Farber et A Mazlich "parler pour les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent". plein de conseils et de trucs pour vraiment communiquer à ses enfants (exprimer leurs sentiments et pas les notres, utiliser l'humour etc...), ca marche vraiment bien avec mes "petits" (5 et 7 ans), il existe en version ado, je viens de le commencer et c'est vraiment bien !
Voilà, je ne peux pas répondre précisément à tes questions désolée..
L'adolescence est une période difficile où les enfants veulent faire leurs propres experiences, il faut savoir doser entre les laisser faire tout en restant à l'écoute... dur dur ...

Anonyme a dit…

Personnellement, quand j'étais moi-même en 4ème dans un collège privé, une jeune fille venait d'abandonner ses études parce qu'elle était enceinte.
Mon cousin, quand il avait à peine 20 ans, a eu un enfant avec une nana de 15 ans. Elle a arrêté ses études en disant qu'elle les reprendrait un jour. Ils sont toujours ensemble et ont trois enfants maintenant...
En 19 ans, j'ai rencontré au moins deux copines qui avait déjà des enfants.

Après, il y a souvent une corrélation entre "la pauvreté" et la "culture" et le taux d'accident de ce genre. Déjà, si tu n'es pas mère célibataire obligée de travailler la nuit... et bien tes enfants sont souvent mieux protégés... Tu as non souvent plus de facilité matérielle à protéger tes enfants mais tu as aussi un meilleur accès à l'information :informations sur les dangers que courent les enfants, sur les façon de les protéger, sur le fonctionnement de telle ou telle chose et tu te sens plus légitime pour agir aussi (avortement, plainte à la police, recherche du père...)
Je ne voudrais pas en rajouter dans la glauque, mais perso une jeune fille enceinte après une fête dont elle ne se rappelle plus de rien,ce n'est pas seulement un problème de grossesse non désirée, qu'en est-il du consentement de la fille par rapport à la relation sexuelle? Quand prendra-t-on le temps d'éduquer nos garçons!
Pareil le Nord Pas De Calais est la région la plus pauvre de France, avec un fort taux de natalité et un des plus grand nombre de fille mère très jeune.

Alors, je ne suis pas confronté à ce problème en tant que parent, mais j'y réfléchis et je crois que parler, parler, parler est la meilleure solution. Créer une relation de confiance pour que la parole soit libre.
Ah, et sinon pour tes filles (et pour toi), ce week-end Chez Violette (Lille Moulin), il y a un formation à l'autodéfense. Aux dernières nouvelles, il restait des places, par ailleurs, ils peuvent organiser sur demande des séances spéciales pour un groupe d'ado.
Laëtitia

Anonyme a dit…

Bonjour. Ce qui m'inquieterais de mon côté c'est moins le fait d'enfanter si jeune que le fait qu'elle dise ne pas avoir contrôlé sa conception. Je pense d'ailleurs que ça suppose quelque chose de très sordide. La petite ment peut être. Blessée d'etre rejetée par le pere ? violée ? Peut être est ce aussi le fruit d'un inceste. Enfin en somme cette petite a une vie sans doute difficile.
Si en fait c'est vrai, peut etre y a t il en fait simplement l'accueil du present. Dans le cas de la conception comme du choix d'elever le fruit de cet instant.
Enfin pour ce qui est de la transgression à ces âges, elle est evidente. Cependant si elle est frôlée elle n'est pas pour autant forcément décisive. Dans mon cas, mes parents étaient assez sévères, et j'étais systématiquement attirée par des amies différentes, plus libres à mes yeux. Je n'ai par contre jamais réussi à inflechir mes actes suffisamment pour braver l'ordre familial, je n'avais rien à reprocher à mes parents, comment se resoudre à les inquiéter ? (ma crise d'adolescence a été plus tardive et tout aussi violente sans doute, à 27 ans. bouh:( honte)
Bon dimanche.