samedi 9 février 2008

Combien de forêts planter pour compenser nos émissions de gaz carbonique ?



Voilà des semaines que je me demande pourquoi on ne plante pas des forêts par million....
Mais combien de millions en faudrait-il?
J'ai potassé un peu le sujet....et voilà... Merci donc à :www.manicore.com
C'est un peu long désolée, mais tout me parait essenciel...

Ce serait trop dur de limiter nos émissions ?
Augmentons la capacité de la planète à les récupérer ! C'est ainsi que les forêts reviennent périodiquement sur le devant de la scène, à cause de toutes les vertus qu'il y aurait à les prendre en compte comme moyen de compenser les émissions de gaz carbonique liées aux activités humaines.
Comme d'habitude, le Diable est dans la règle de trois : peut-on se fixer les idées sur les ordres de grandeur en présence ?

Tout d'abord il faut savoir qu'une forêt n'est un puits de carbone que quand elle est jeune : une forêt à maturité (cas des forêts qui ont dépassé le siècle, en gros), comportant des arbres qui meurent et des arbres qui poussent, émet à peu près autant de CO2 qu'elle n'en absorbe : certes des arbres poussent, mais la décomposition de ceux qui sont morts (ou plus exactement la respiration des micro-organismes qui se nourrissent de la matière organique des êtres morts) conduit à des émissions de CO2 à peu près équivalentes à ce qui est absorbé par la croissance des arbres vivants.

De ce fait, pour prendre un cas particulier bien connu, il y a des tas de bonnes raisons de conserver l'Amazonie dans le meilleur état possible, mais pas parce qu'elle est le poumon de la planète : en bilan net, elle ne produit pas le moindre litre d'oxygène pour nous !
Pour faire une forêt à maturité, il faut à peu près un siècle (ordre de grandeur). Par ailleurs, quand on plante une forêt, il y avait déjà "autre chose" avant, et donc ce qui compte n'est pas la totalité de ce que la forêt absorbe, mais ce qu'elle absorbe "en plus" de ce que la végétation qui précédait absorbait. Enfin l'absorption n'est pas constante : elle est faible au début, quand les plants sont tous petits, et redevient faible lorsque la forêt est à maturité, avec très certainement un maximum entre les deux.

Avant d'aller plus loin, une première conclusion est donc que planter des forêts n'engendre un gain que dans le cas où ces forêts remplacent des terres agricoles. En cas de remplacement de prairies, le bilan est nul à défavorable en ce qui concerne l'évolution du stock de carbone à l'hectare, puisque le contenu en carbone d'une prairie (sol et végétation, l'essentiel du stock étant contenu...dans le sol, voir graphique ci-dessus) est le même que celui d'une forêt tempérée, en ordre de grandeur. Il faut aussi, bien sûr, que la forêt plantée ne remplace pas une autre forêt !

Planter des arbres ne peut donc pas être considéré comme une variable d'action sans précision sur ce qu'ils remplacent. Comme l'éventualité d'une diminution des terres agricoles n'est pas vraiment à l'ordre du jour sur une planète qui connaît une augmentation galopante de sa démographie, on pourrait s'arrêter là et dire que cela n'a aucun intérêt.

Continuons quand même l'exercice pour parachever la démonstration. En première approximation, compte tenu de ce qui précède, on peut donc dire qu'une forêt en croissance absorbe de l'ordre de 2 tonnes de carbone à l'hectare par an (il s'agit bien d'une approximation sur ce qu'elle absorbe en plus de ce qu'une autre végétation aurait fait). Actuellement, les émissions humaines de gaz carbonique que la biosphère ne recycle pas naturellement sont de l'ordre de 3.000.000.000 tonnes de carbone par an.

En supposant qu'un hectare de forêt nouvellement plantée séquestre 2 tonne de carbone par an, donc, il faudrait donc planter 1.500.000.000 hectares de forêts en ordre de grandeur, en remplacement de terres agricoles, pour que, avec des émissions restant en outre au niveau de 1990 (hypothèse hardie aujourd'hui !), les concentrations de CO2 dans l'atmosphère n'augmentent pas.

Pour fixer les idées, cela représente la plantation d'un huitième des terres émergées, ou encore environ 2 fois le Sahara, ou encore 30 fois la superficie de la France.

Comme en plus nos émissions augmentent, si on veut compenser par des arbres il faut d'ores et déjà dimensionner pour ce qui se passera plus tard. Prenons maintenant 20 ans comme horizon, et supposons - ce n'est pas très éloigné de la proposition américaine - que les plantations doivent compenser les émissions à venir, non contraintes par ailleurs.

Pour fixer les idées, en Europe de l'Ouest, sur la base d'une croissance économique de 2% par an, et en "laissant faire", les émissions de CO2 augmenteront de 50% d'ici 2020. Si l'on extrapole au reste du monde, dont la croissance est au moins aussi forte (les PVD sont plutôt entre 5 et 10%), et ce qui est cohérent avec les scénarios "hauts" du GIEC, cela signifie que pour compenser nos émissions de CO2 en excès, non contraintes par ailleurs, il faudrait planter des arbres sur des terres agricoles représentant entre un cinquième et un quart des terres émergées, c'est à dire....boiser quasiment l'intégralité des terres aujourd'hui cultivées dans le monde ! Un quart des terres émergées, c'est aussi l'équivalent des forêts actuelles.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Voilà la photo que je vois tous les jours avant de m'endormir..... Avec à l'arrière une petite dédicace rien que pour moi.... ;-)) Bisous

Fofie a dit…

Moui... j'adore cette photo, je la trouve vraiment très belle...
Je suis vraiment heureuse que ce marque page te serve tant et te fasse à ce point plaisir...
Promis , la prochaine fois que je rencontre Brad Pitt, je t'enverrai un nouveau "marque ta page" -sourire-