samedi 17 septembre 2011

Jungle urbaine

16h30 : Sortie des écoles dans mon villach'... Toutes les écoles se situent dans le même quartier qui rentre alors en effervescence pour une petite demi-heure...
Comme beaucoup de mamans, je commence par l'école maternelle pour me rendre ensuite à la sortie de l'école primaire attendre Mia avec petit Nahélé pendant que Lola vient à ma rencontre à la sortie du collège...
Chaque jour c'est le même rituel, les même visages que l'on croise, que l'on finit par connaître à force de se saluer depuis des années...
Les trottoirs sont surchargés de poussettes, d'écoliers, de maman, qui se bousculent laissant un peu l'impression d'une fourmilière en ébullition...
Chacun a son territoire... Les collégiens traînent par petits groupes dans la rue de l'établissement prolongeant encore et encore les dernières minutes amicales et partageants les derniers ragots sur le prof de maths ou le surveillant....
Les écoliers,eux,  grignotent leurs goûters en tirant leur cartable à roulette avec désinvolture devant leur école...
Alors quand un groupe d'une vingtaine de collégiens passablement énervés débarquent dans la rue de l'école maternelle comme ce soir, cela ne présage rien de bon. Intriguée j'assiste à leur procession du trottoir d'en face lorsque Lola me rejoint avec sa copine, toutes deux assez inquiètes... 
"Une bagarre est prévue au city-stade à la sortie de l'école car le trottoir du collège est surveillé"... Les 2 protagonistes : un des petits camarades de Lola (Mon fugueur de l'an dernier ! - Ah y'en a qui cumulent !!!-) et un autre petit mec qui fait deux fois son gabarit et qui a déjà une bonne tête de killer pour son âge !!!
Pas besoin d'être devin pour savoir qui va gagner...
Surprise, je parcours l'assemblée du regard et constate qu'aucun adulte ne suit le groupe, que personne même ne semble leur prêter attention...
Persuadée que cette histoire ne se terminera pas correctement, je décide de rebrousser chemin avec les enfants histoire d'aller surveiller ce qui va se passer...

Je choisis de ne pas intervenir immédiatement, car si on sépare les troupes avant même que l'explication ait eu lieue, cela risque de différer le règlement de compte à un endroit ou à un moment qui échappera à toute surveillance, je reste donc à distance sur le trottoir d'en face en surveillant le troupeau de collégiens agités qui s'était déjà installé autour du stade devenu arène et qui haranguait les deux garçons enfermés à l'intérieur ...
En moins de temps qu'il ne m'en faudra pour l'écrire, le petit caïd retourna une violente droite dans la figure de la crevette qui, aveuglée et pliée en deux de douleur se vit envoyer au tapis par une balayette témoignant de l'expérience de son adversaire !!! 
Je m'attendais à voir le combat s'arrêter là et fut stupéfaite de constater que sitôt au sol, le petit se fit rouer de coup de pieds  sur tout le corps, visage inclus par son adversaire et un de ses copains tout aussi lâche que lui qui profitait de l'aubaine pour se défouler un peu !
Ni une ni deux, au premier coup de pied,  j'ai planté mes enfants sur le trottoir, traversé la rue en courant, grimpé les marches qui mènent au city-stade, enjambé la haute rambarde qui m'arrivait à la taille me claquant au passage un muscle de la fesse (Eh! On a plus 20 ans non plus, pis on a pas idée de faire du saut de haie sans s'échauffer non plus ! lol) pour intervenir et calmer le gamin déchaîné... Je l'ai empoigné très fermement (mais alors vraiment très fermement, son bras devant se souvenir de mes ongles ! lol), afin de marquer mon autorité malgré que je ne sois "qu'une mère de famille"... 
Une fois éloigné, j'ai relevé l'enfant au sol, complètement sonné par la violence des coups reçus dans l'indifférence générale...
Le visage tuméfié, tremblant de tout son être, il tenait à peine debout et était complètement sous état de choc !!!  Le temps de rassembler ses affaires, qu'il retrouve un petit peu ses esprits, je l'ai confié à son meilleur ami , un peu plus sérieux que les autres qui l'a raccompagné jusque chez lui...
Il me restait cependant une petite chose à faire avant de rentrer à la maison : m'occuper de la petite terreur qui était en train de parader, victorieux et gonflé d'orgueil au milieu de ses camarades...
Remontée comme une horloge, je lui ai lancé devant l'assemblée qu'il se prenait pour un homme mais qu'un homme, un vrai, un digne de ce nom n'aurait jamais frappé un homme au sol qui ne bouge plus !!! Lui n'était qu'un lâche et n'avait vraiment pas de quoi être fier !!!
Vexé jusqu'au trou de c-- comme on dit chez nous, il est venu  m'agresser et me reprocher mon insolence ne doutant de rien et semblant oublier ses 12 ans et ma taille proche du double de la sienne !!! Une nouvelle fois il se fit remettre à sa place, pour ne pas dire humilier devant ses copains et, toujours aussi courageux, ce n'est qu'une fois à la distance raisonnable de 50 mètres qu'il me lança ses dernières insultes illustrées par son majeur dressé bien fièrement !

Petit con va !!!

Une fois l'agitation retombée et les collégiens curieux dispersés, je me suis écroulée sur un banc bouleversée du constat que j'étais en train de réaliser...
• Alors non seulement des petits gosses de 12 ans sont capables de se foutre sur la tronche sans faire semblant, avec une violence inouïe, comme dans les films ou sur les rings de catch... sauf que les coups n'avaient rien de simulés...
• En plus, une vingtaine d'enfants du même âge sont capables d'assister à un tel combat sans qu'un seul d'entre eux ne pense à intervenir ou à calmer le jeu..
• Mais surtout, surtout... cette incartade s'est tenue à la sortie de l'école, à moins de 10 mètres d'un trottoir rempli de parents d'élèves, à 5 mètres d'un parking de 60 voitures rempli de parents qui vont et qui viennent dans un balai de véhicules qui arrivent et qui repartent...
Et au beau milieu de tout ce monde, de tous ces adultes que l'on dit "responsables", pas un seul n'est intervenu !!! Pas un seul n'a levé le petit doigt ou n'a, ne serait-ce que crié pour disperser tout ce petit monde... RIEN ! PERSONNE !!! Un gamin de 12 ans était cloué au sol, roué de coups sur une place qui comportait au minimum 80 personnes sous les acclamations et les encouragements d'autres gosses assoiffés de sang et de violence, et ce dans l'indifférence générale !!! 
Et lorsque j'en eus fini avec tout ce monde, tout le monde avait fuit... nous laissant quasiment seuls.
Je fus prise de nausées à l'idée que ce petit homme qui venait de se faire amocher le portrait aurait très bien pu mourir sur ce bitume suite à un mauvais coup et ce, sans que personne ne s'y oppose... On aurait très certainement retrouvé son portrait souriant et frais à la une des canards nationaux le lendemain matin, avec un renvoi vers les pages de faits divers... Les journalistes auraient sans doute titré :"Encore un enfant décédé accidentellement dans un règlement de comptes qui a mal tourné"... On y lirait très certainement les témoignages de parents d'élèves indignés, ces même parents qui n'ont pas levé le petit doigt la veille !!!
Ma nausée se renforça à la simple pensée que ce petit gars, aurait très bien pu être mon p'tit gars et cela n'aurait rien changé...
Il est 22h30... Et cela fait 5 heures que cette nausée ne m'a pas quitté...
Entre temps, j'ai appelé la maman du malchanceux en lui confiant la réalité des événements, inquiète à l'idée que le petit ai pu dissimuler une partie de la vérité par fierté ou orgueil déplacé, négligeant peut-être les conséquences médicales des coups mal placés qu'il a reçu...
Le petit est actuellement à l'hôpital, j'attends de ses nouvelles et ne parviens pas à trouver le sommeil me repassant en boucle l'incident qui n'a pourtant pas eu lieu dans un mode parallèle mais bel et bien en pleine heure de pointe, dans l'indifférence générale ! 
Je ne trouve pas le sommeil, mon esprit ne se calme pas, je ne cesse de me demander quel est ce monde ou une tel scénario est possible...et j'ai peur, très peur... pour mes enfants, mais aussi pour les vôtres.

7 commentaires:

kat77 a dit…

Tout D'abord, j'espère que ce petit garçon va se remettre et qu'il n'aura rien de grave...

Est-ce que les gens sont devenus si égoistes ? Pour que RIEN ne les fasse réagir ?

Est-ce qu'ils " banalisent " la violence ?

Se sont-ils même senti concernés ?

Ont-ils pris la mesure de ce qui allait se dérouler ?

Bref, constatation est faite que tu étais le seul " humain" à ce moment là...

Oui, ça fout la trouille...

Ca mériterait une réunion des parents... qu'il faudrait ré-éduquer...

Un adulte devrait se sentir concerné par ce genre de chose. Qu'ils soit le parent ou NON !!!

A la sortie de l'école, je me sens devenir parent de TOUS les enfants qui quittent l'école...

Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis mise sur la route pour faire traverser les enfants et arrrêter les véhicules, à la place de l'agent qui était absent ou en retard.

Je ne compte plus les fois où je suis allée attraper un gamin trop près de la route alors que le bus arrivait... Des touts petits qui étaient pourtant à 50 cm de leurs parents!!!!!

À chaque fois, avant d'intervenir, je regarde autour de moi.
Je me dis qu'il est IMPOSSIBLE que tous ces adultes ne se rendent pas compte du danger !!

Et bin SI ! je suis toujours médusée, choquée de constater une fois de plus, que personne n'a bougé...

Mais de quel mal sont atteints ces gens devenus...
Je ne trouve pas le mot...

Ils me font penser à des robots sans âme, sans émotion...dénués de capacité de reflexion et d'anticipation...

Ce petit et ses parents peuvent te remercier Fofie... Effectivement, nul ne sait ce qui aurait pu se produire sans toi.

Je pense que tu ne seras pas sans prendre de ses nouvelles... Pourras-tu m'en donner ?

Plein de bisous.

laurence des profiteroles a dit…

Bravo Sophie, c'est à mon avis bien parce que les adultes démissionnent que les enfants de 12 ans se croient autorisés à dépasser toute limite.
Tu devrais appeler le CPE du collège en discuter avec lui car les évènements peuvent être repris en vie de classe ou autre au sein de l'établissement.
Bon week-end.

Anonyme a dit…

Salut Mère courage !

Il en faudrait beaucoup d'autres des gens comme toi qui ne détournent pas le regard pour continuer leur petite vie, mais qui ont le courage de s'occuper des gens qui les entourent.

Depuis toutes ces années, je sais (et ce depuis le début) que tu es une personne exceptionnelle. Je suis très fière d'être ton amie. Même si on ne se voit presque pas. Malheureusement.

Alors même si tu as la nausée, tu dois te sentir bien mieux que tous ceux qui ont préféré n'écouter que leur couardise !!!

Bisous à tous.

Anne

Gaiako a dit…

Bonsoir Fofie,
terrible ton histoire et pourtant loin d'être unique malheureusement!
Eh oui,cette fois ci tu étais là mais peut-être pas la prochaîne.
Pourtant ce qui aurait dû se passer,c'est que 2,3 ou 4 autres "adultes" viennent tout de suite te prêter main forte et calmer tout ce petit monde.Les gens actuellement ont peur de prendre la moindre responsabilité car notre monde est tellement mal parti que bien souvent le sauveur devient la victime ou la personne qui a voulu faire bien et qui va se retrouver avec des ennuis à n'en plus finir!!!
Je ne cautionne en rien cette attitude mais je pense que c'est la société et sa gouvernance qui ont fait que les hommes se protégent tellement qu'ils n'osent plus bouger.
C'est vrai,c'est lâche car à plusieurs l'affaire aurait été vite réglée et sans insulte dérrière le dos.
Ce qui est effrayant,c'est que ça pourrait être un de nos enfants...
Comme je dis depuis longtemps,les gens sont cloîtrés dans leur petit confort et en plus ont peur de la jeunesse actuelle,alors pourquoi agir et prendre des risques!!!

Cette façon de penser me donne envie de vomir mais que faire Fofie pour réveiller tous ces lâches? Le pire,c'est que même à plusieurs,ils refusent de se mouiller...
Que faire,que faire,que faire?
Les gens vont mal,le monde va mal et personne n'a l'air de s'en soucier...
En tous les cas,j'espère au moins que la maman t'as remercie et t'as fait mille bisous d'être intervenue pour son enfant et surtout que ça lui donnera le courage de faire la même chose que toi si pareil événement venait à se présenter à elle!
Tout le monde démissionne dans cette société,comment veux-tu qu'elle avance correctement?
Mais essaye de déstresser et de dormir car la fatigue entraîne encore plus d'idées noires et ne résoudra en rien le problème.

Bonne nuit et hourra à notre vaillante Fofie du jour...bien que tout adulte qui se respecte aurait dû faire la même chose!!!

Bisous,un fidèle lecteur.

martine a dit…

ça me semble très grave. j'espère que le blessé va bien, mais quoi qu 'il en soit il faudrait que ses parents en réfèrent au proviseur et demandent que l'agresseur bénéficie d'entretiens avec un psy pour comprendre la gravité de ses actes...enore faut il en connaître un bon!
et en effet, reprendre cela en vie de classe ..

Anonyme a dit…

Oui.
Je suis d'accord sur ce qu'a écrit Gaiako : les gens ont peur de prendre leur responsabilités, peur que ça se retourne contre eux. Pourtant ils ont tort, ça se retourne rarement contre eux.
J'ai eu "la chance" d'être pionne à l'âge de 19 ans. Quand on te demande à cet âge-là de remettre en place des gamins qui ont certes 14 ans mais qui font deux fois ta taille, tu apprends vite que tu risques moins que ce que tu apportes dans ce genre d'intervention.
Laëtitia

Catherine a dit…

ouah, ça fait peur ton récit !!!
il va y avoir une suite judiciaire ?
je sais que ce n'est qu'un jeune de 12 ans mais ça lui ferait peut-être du bien de devoir s'expliquer devant une autorité...ou peut-être que ça ne changerait rien...
en tout cas, j'admire ton courage, je ne sais pas si j'y serais allée moi, je me serais peut-être contentée de hurler et ça n'aurait rien changé...
j'espère que le jeune va s'en remettre, physiquement et psychologiquement aussi !!!
tiens nous au courant de la suite
Catherine