mercredi 24 septembre 2014

Ouvrier

Je partage ce matin sur une réflexion que je mène depuis quelques jours sur les ouvriers au sens large...

On entend souvent que les conditions de travail des ouvriers du bâtiments ou des travaux publics sont difficiles, entre les charges lourdes, les contraintes techniques, les caprices météorologiques, les horaires parfois inhumains et les dangers sur les chantiers, presque tout le monde s'accorde à dire que ce n'est pas un métier facile... Et pourtant il existe en France et dans les pays civilisés en général une sorte de "mépris" envers ces hommes...

L'énorme majorité des personnes qui travaillent dans les bureaux, s'imaginent que parce qu'ils ont quelques années de plus d'études au compteur, ou que parce qu'ils travaillent en tailleur ou costume cravate cela fait d'eux des personnes plus respectables...
Alors certes, le bâtiment recrute parfois à BAC moins deux ou moins trois mais il n'en reste pas moins que le métier est difficile, bien plus que de passer 7 ou 8 heures le cul sur une chaise derrière un ordinateur dans un bureau chauffé l'hiver, climatisé l'été ! (Chose que j'ai faite pendant près de 10ans)

Ici , depuis le début de notre chantier, nous nous rendons encore plus compte à quel point la tâche est épuisante... A quel point nos corps sont fatigués, nos muscles souffrent...Et nous avons conscience que pour l'instant la météo est avec nous !
Et je prends conscience que mon respect et ma reconnaissance n'étaient pas à la hauteur...

Et puis grâce à la lecture de la saga des "Piliers de la terre" je me suis souvenue qu'autrefois, il n'était pas question "d'ouvrier" mais de "Bâtisseur"!
Vous la sentez la différence ?
Vous sentez à quel point le terme "d'ouvrier" est réducteur?
Moi quand j'entends "ouvrier" je pense au millier de petite fourmis ouvrières qui triment toute la journée dans la fourmilière, qui semble ne jamais s'arrêter, qui soulèvent jusque 4 fois leur poids...

Autrefois, être bâtisseur était une fierté... Aujourd'hui je ne connais personne qui dise "Ohhh mon gendre est ouvrier du bâtiment" comme on dirait "ohhhh mon gendre est médecin"...


Et pourtant... En remontant un peu le temps et en se posant quelques question le regard change...

• Qui a construit notre belle maison, notre "home sweet home" dans lequel on se sent si bien?
• Qui a construit les maisons de nos proches, nos familles, nos voisins ... ?
• Qui a construit les écoles pour nos enfants, les boulangeries où nous achetons notre pain,  les églises et temples ou nous prions, les gares et aéroports grâce auxquels nous voyageons, les bureaux où nous travaillons (oui bon d'accord, pour ce dernier exemple ce n'était pas obligatoire !) ?
• Qui construit et entretient les routes grâce auxquelles nous nous déplaçons si facilement et si rapidement?
• Qui a aménagé les trottoirs pour la sécurité des piétons ?

Et je pourrais en écrire des dizaines comme cela...
Alors certes mesdames ou mesdemoiselles qui ne s'est jamais faite interpeller ou siffler vulgairement en passant devant un chantier par quelques malotrus qui manient la pioche ou la truelle ? 
Mais pour leur défense je rappelle que les pervers et les harceleurs sexuels sont aussi fort  (plus ?) nombreux dans les bureaux...
Et puis un goujat mérite-t-il de mettre tous les hommes dans le même sac?
Je ne pense pas.

J'avoue que depuis quelques jours mon regard a changé sur ces hommes qui travaillent par tous les temps pour notre bien être et dans l'ombre, pour ne pas dire l'obscurité la plus opaque...
Et même si quelques publicitaires plaident en faveur de ces corps de métier, tout le monde  n'a pas le physique du jeune homme de la pub' coca-cola light dont je suis certaine que toutes mes lectrices se souviennent...

On ne devrait plus parler d'ouvrier pour personne ! 
Tous les homme et les femmes qui consacrent leur vie à un métier méritent un titre respectueux...
Nous ne devrions pas parler d'ouvrier agricole mais bien d'agriculteur...
Plus d'ouvriers du bâtiment... des bâtisseurs

Ben quoi? Les femmes de ménages sont bien devenues des techniciennes de surface et les caissière des hôtesses de caisse... Voilà qui est bien plus valorisant!
Et il est important de valoriser toutes ces personnes qui ont un métier difficile et qui méritent à mes yeux encore plus de respect pour le travail qu'ils accomplissent courageusement chaque jour que les bureaucrates !

Alors certes, je ne révolutionnerai pas le Larousse ce matin...
Mais si je parviens à faire que vous soyez interpellé par cette réflexion et que votre regard aussi se charge de respect envers ces hommes et ces femmes alors leur vie sera un peu plus belle et leur tâche un peu plus légère...

La semaine dernière j'ai remercié l'agent d'entretien de la ville qui nettoie quotidiennement nos trottoirs et qui se cassait le dos sur son balai... 
Il s'est arrêté et m'a demandé de quoi je le remerciais...
Je lui ai expliqué que grâce à lui, chaque jour, j'allais conduire mes enfants à l'école dans une ville propre et que j'avais conscience que c'était grâce à lui...
Un sourire a illuminé son visage et j'ai même senti un élan de fierté...
Il m'a dit que peu de gens lui disaient bonjour, que parfois il avait l'impression d'être transparent, mais que pour le coup, jamais on ne lui avait dit Merci et qu'il était heureux !
Et il est reparti plus léger, et même plus droit sur son balai...
Vous vous rendez compte du pouvoir d'un seul mot ? Juste un petit "Merci"...
Un mot gorgé de respect , qui peut changer une journée et  que l'on peut offrir à tout le monde...











6 commentaires:

lutin a dit…

oui Sophie et tu parle de ce qu'on peux voir!! et pense aussi à ceux qui posent les réseaux d'eau et eaux usées, les câbles ( électriques téléphone fibres optique...) les installation de luminaires... tu vois je suis contente de te lire car j'ai un de mes fils qui travaille dans le bâtiment et je ne m'en cache pas loin de là, bisous et merci pour ce joli hommage

Anonyme a dit…

J'aime bien l'anecdote sur "l'agent d'entretien de ta ville", enfin les éboueurs, quoi.
Moi, il y a un truc qui m'a toujours choquée et que tu as sûrement déjà entendu, c'est : "TRavaille bien à l'école, sinon plus tard tu seras éboueur (ou balayeur)!" N'empêche heureusement qu'ils sont là! On serait bien embêté sinon.
Laëtitia

BRUNO a dit…

Et qui a construit la France des années 60 ? Ecoles, routes, autoroutes et barres hlm? (et maisons Phénix et secondaires) ?

Mais chaque métier est différent. Un bureaucrate peut avoir autant de douleurs qu'un ouvrier, qui est souvent plus résistant.

Cependant, effectivement, tout le monde a du mérite : se lever par tous les temps !

Et au lieu de crier sur les gens qui travaillent parce qu'ils feraient mal ce travail (je pense aux instits et profs par exemple) il serait bon de les aider à bien le faire.

En ramassant ses détritus, le balayeur salué pourrait peaufiner son nettoyage, pour une marche plus agréable à chacun....

Bises, nono.

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kat 77 a dit…

Une tonne de choses à écrire... puisque j'ai été durant 8 années "agent technique espaces verts, polyvalente"... entends par là, maçonnerie, plomberie, ménage, livraison diverses, installations diverses etc etc etc...

Alors juste un mot à mon tour...

MERCI !!

Rares sont les gens qui se soucient de ces hommes et femmes... à commencer par les personnes qui les ont embaucher...

Bon... finalement, plus qu'un mot ok...

Je me revois travailler dehors par températures largement inférieures, et me faire avoiner quand j'osais aller boire un café chaud parce que je ne sentais plus ni mes mains ni mes pieds et que mes jambes étaient devenues de vrais bouts de bois, avec impossibilité de plier les genoux pour marcher...... Pas une pause d'une heure hein !! ni toutes les heures !! juste une dans la matinée et une dans l'après midi, le temps de faire remonter la température du corps.

Je me souviens avoir utilisé une carotteuse en plein hiver en plein vent glacial, avec projection d'eau sur l'engin pour la refroidir et avoir les pieds et les jambes trempées... et finir par ne plus rien sentir, ni les oreilles, ni les mains et encore moins les pieds...et ne plus penser qu'à une seule chose... la douche chaude que tu prendras après ta journée de boulot...qui est loin d'être terminée.

je me souviens m'être faite engueuler parce que toujours en plein hiver j'allais me réchauffer ailleurs qu'au dépôt où au plus chaud nous avions 3 °c. Lorsque j'en avais fait la remarque, on m'avait répondu " là n'est pas le sujet"...

je me souviens de mon collègue qui a eu peur que mon superieur m'en décroche une parce qu'en pleine canicule j'étais allée chercher 2 bouteilles d'eau.
Ah, cette fois çi j'avais bien failli porter plainte... ce c** avait foncé sur moi et il me postillonnait dessus tant il était près de mon visage... j'arrivais même à distinguer ses yeux de fou derrière ses lunettes noires...

Je me souviens aussi avoir installé pour ces messieurs dames des bureaux, des reposes pieds massant.. si si... et leur faire le café avant qu'ils n'arrivent le matin...

J'ai même entendu une Maman dire à son enfant en me montrant du doigt... " tu vois, si tu ne travailles pas mieux à l'école, tu feras comme la dame !" je plantais des arbustes...

Bref... des trucs du genre, j'en ai à raconter à la pelle...

Mais aussi pénible soit mon métier de l'époque, bon sang que je l'aimais... Mais devant si peu de considération... le moral finit par flancher oui...

Alors oui, Merci ma Fofie !!



Olivier (le retour) a dit…

Bonsoir,

comme Kat,je suis atterré par l'importance que donnent ces bureaucrates à l'apparence.
Tu as un "haut fonctionnaire" qui passe dans ton entreprise, il te voit en costard -cravatte,il te prend pour le directeur et vient te saluer, tu lui dis: "ah! non,je suis juste un ouvrier...", alors son sourire se fige, se transforme en dédain et il te tourne les talons sans aucune autre forme de procés!
Quelle cohérence peut-on accorder à une telle attitude? aucune!, c'est pour cela qu'il ne faut pas se sentir inférieur à ces gens là sous le seul prétexte qu'ils sont mieux placés socialement parlant!

Mais humainement parlant,ce sont des calamités ambulantes et qui pour le coup ne méritent, ni la sympathie, et encore moins le respect.
Bonne soirée à tous et au plaisir Fofie et kat.j'espère que vous vous portez bien, bises

kat 77 a dit…

HÈÈÈÈÈÈÈ OLIVIER !!!!

Bien le bonjour !! contente de ton retour !!

le problème est que ces gens ont anéantis toute envie de retravailler... ils ont anéantis tout le restant de ma vie et je erre d'idées utopiques en envies de faire... sans y croire car je n'ai plus aucune confiance...ni en mes projets et encore moins en un hypothétique emploi où je serai confrontée à des "supérieurs"... comme il est rabaissant ce mot tiens...

je le dis souvent et c'est vrai " ce n'est pas du travail dont j'ai peur... mais du monde du travail...

bises !