16h30 : Sortie des écoles dans mon villach'... Toutes les écoles se situent dans le même quartier qui rentre alors en effervescence pour une petite demi-heure...
Comme beaucoup de mamans, je commence par l'école maternelle pour me rendre ensuite à la sortie de l'école primaire attendre Mia avec petit Nahélé pendant que Lola vient à ma rencontre à la sortie du collège...
Chaque jour c'est le même rituel, les même visages que l'on croise, que l'on finit par connaître à force de se saluer depuis des années...
Les trottoirs sont surchargés de poussettes, d'écoliers, de maman, qui se bousculent laissant un peu l'impression d'une fourmilière en ébullition...
Chacun a son territoire... Les collégiens traînent par petits groupes dans la rue de l'établissement prolongeant encore et encore les dernières minutes amicales et partageants les derniers ragots sur le prof de maths ou le surveillant....
Les écoliers,eux, grignotent leurs goûters en tirant leur cartable à roulette avec désinvolture devant leur école...
Alors quand un groupe d'une vingtaine de collégiens passablement énervés débarquent dans la rue de l'école maternelle comme ce soir, cela ne présage rien de bon. Intriguée j'assiste à leur procession du trottoir d'en face lorsque Lola me rejoint avec sa copine, toutes deux assez inquiètes...
"Une bagarre est prévue au city-stade à la sortie de l'école car le trottoir du collège est surveillé"... Les 2 protagonistes : un des petits camarades de Lola (
Mon fugueur de l'an dernier ! - Ah y'en a qui cumulent !!!-) et un autre petit mec qui fait deux fois son gabarit et qui a déjà une bonne tête de killer pour son âge !!!
Pas besoin d'être devin pour savoir qui va gagner...
Surprise, je parcours l'assemblée du regard et constate qu'aucun adulte ne suit le groupe, que personne même ne semble leur prêter attention...
Persuadée que cette histoire ne se terminera pas correctement, je décide de rebrousser chemin avec les enfants histoire d'aller surveiller ce qui va se passer...
Je choisis de ne pas intervenir immédiatement, car si on sépare les troupes avant même que l'explication ait eu lieue, cela risque de différer le règlement de compte à un endroit ou à un moment qui échappera à toute surveillance, je reste donc à distance sur le trottoir d'en face en surveillant le troupeau de collégiens agités qui s'était déjà installé autour du stade devenu arène et qui haranguait les deux garçons enfermés à l'intérieur ...
En moins de temps qu'il ne m'en faudra pour l'écrire, le petit caïd retourna une violente droite dans la figure de la crevette qui, aveuglée et pliée en deux de douleur se vit envoyer au tapis par une balayette témoignant de l'expérience de son adversaire !!!
Je m'attendais à voir le combat s'arrêter là et fut stupéfaite de constater que sitôt au sol, le petit se fit rouer de coup de pieds sur tout le corps, visage inclus par son adversaire et un de ses copains tout aussi lâche que lui qui profitait de l'aubaine pour se défouler un peu !
Ni une ni deux, au premier coup de pied, j'ai planté mes enfants sur le trottoir, traversé la rue en courant, grimpé les marches qui mènent au city-stade, enjambé la haute rambarde qui m'arrivait à la taille me claquant au passage un muscle de la fesse (Eh! On a plus 20 ans non plus, pis on a pas idée de faire du saut de haie sans s'échauffer non plus ! lol) pour intervenir et calmer le gamin déchaîné... Je l'ai empoigné très fermement (mais alors vraiment très fermement, son bras devant se souvenir de mes ongles ! lol), afin de marquer mon autorité malgré que je ne sois "qu'une mère de famille"...
Une fois éloigné, j'ai relevé l'enfant au sol, complètement sonné par la violence des coups reçus dans l'indifférence générale...
Le visage tuméfié, tremblant de tout son être, il tenait à peine debout et était complètement sous état de choc !!! Le temps de rassembler ses affaires, qu'il retrouve un petit peu ses esprits, je l'ai confié à son meilleur ami , un peu plus sérieux que les autres qui l'a raccompagné jusque chez lui...
Il me restait cependant une petite chose à faire avant de rentrer à la maison : m'occuper de la petite terreur qui était en train de parader, victorieux et gonflé d'orgueil au milieu de ses camarades...
Remontée comme une horloge, je lui ai lancé devant l'assemblée qu'il se prenait pour un homme mais qu'un homme, un vrai, un digne de ce nom n'aurait jamais frappé un homme au sol qui ne bouge plus !!! Lui n'était qu'un lâche et n'avait vraiment pas de quoi être fier !!!
Vexé jusqu'au trou de c-- comme on dit chez nous, il est venu m'agresser et me reprocher mon insolence ne doutant de rien et semblant oublier ses 12 ans et ma taille proche du double de la sienne !!! Une nouvelle fois il se fit remettre à sa place, pour ne pas dire humilier devant ses copains et, toujours aussi courageux, ce n'est qu'une fois à la distance raisonnable de 50 mètres qu'il me lança ses dernières insultes illustrées par son majeur dressé bien fièrement !
Petit con va !!!
Une fois l'agitation retombée et les collégiens curieux dispersés, je me suis écroulée sur un banc bouleversée du constat que j'étais en train de réaliser...
• Alors non seulement des petits gosses de 12 ans sont capables de se foutre sur la tronche sans faire semblant, avec une violence inouïe, comme dans les films ou sur les rings de catch... sauf que les coups n'avaient rien de simulés...
• En plus, une vingtaine d'enfants du même âge sont capables d'assister à un tel combat sans qu'un seul d'entre eux ne pense à intervenir ou à calmer le jeu..
• Mais surtout, surtout... cette incartade s'est tenue à la sortie de l'école, à moins de 10 mètres d'un trottoir rempli de parents d'élèves, à 5 mètres d'un parking de 60 voitures rempli de parents qui vont et qui viennent dans un balai de véhicules qui arrivent et qui repartent...
Et au beau milieu de tout ce monde, de tous ces adultes que l'on dit "responsables", pas un seul n'est intervenu !!! Pas un seul n'a levé le petit doigt ou n'a, ne serait-ce que crié pour disperser tout ce petit monde... RIEN ! PERSONNE !!! Un gamin de 12 ans était cloué au sol, roué de coups sur une place qui comportait au minimum 80 personnes sous les acclamations et les encouragements d'autres gosses assoiffés de sang et de violence, et ce dans l'indifférence générale !!!
Et lorsque j'en eus fini avec tout ce monde, tout le monde avait fuit... nous laissant quasiment seuls.
Je fus prise de nausées à l'idée que ce petit homme qui venait de se faire amocher le portrait aurait très bien pu mourir sur ce bitume suite à un mauvais coup et ce, sans que personne ne s'y oppose... On aurait très certainement retrouvé son portrait souriant et frais à la une des canards nationaux le lendemain matin, avec un renvoi vers les pages de faits divers... Les journalistes auraient sans doute titré :"Encore un enfant décédé accidentellement dans un règlement de comptes qui a mal tourné"... On y lirait très certainement les témoignages de parents d'élèves indignés, ces même parents qui n'ont pas levé le petit doigt la veille !!!
Ma nausée se renforça à la simple pensée que ce petit gars, aurait très bien pu être mon p'tit gars et cela n'aurait rien changé...
Il est 22h30... Et cela fait 5 heures que cette nausée ne m'a pas quitté...
Entre temps, j'ai appelé la maman du malchanceux en lui confiant la réalité des événements, inquiète à l'idée que le petit ai pu dissimuler une partie de la vérité par fierté ou orgueil déplacé, négligeant peut-être les conséquences médicales des coups mal placés qu'il a reçu...
Le petit est actuellement à l'hôpital, j'attends de ses nouvelles et ne parviens pas à trouver le sommeil me repassant en boucle l'incident qui n'a pourtant pas eu lieu dans un mode parallèle mais bel et bien en pleine heure de pointe, dans l'indifférence générale !
Je ne trouve pas le sommeil, mon esprit ne se calme pas, je ne cesse de me demander quel est ce monde ou une tel scénario est possible...et j'ai peur, très peur... pour mes enfants, mais aussi pour les vôtres.