lundi 1 septembre 2008

L'Ultra Trail....

Si cet été la montagne à été particulièrement meurtrière, elle aura été aussi particulièrement cruelle...
C’est l’histoire d’une montagne, le Mont-Blanc, qui cet été, n’aura pas voulu d’un homme: Christophe.
C’est aussi l’histoire d’un homme qui à vu son rêve s’évanouir en 2 heures...
Un rêve de 3 ans qui est réduit au néant ou presque...
Un rêve mais pas seulement... Des heures, des jours , des nuits aussi, des semaines d’entrainement par tous les temps et surtout sous la pluie d’ailleurs...
Ce sont des semaines de régimes alimentaires, sans frites, sans mayo... et ceux qui connaissent Christophe savent que, pour lui, ce n’est pas rien... Pour perdre 6kg , le poids du sac qu’il devra porter...
Des heures et des heures de travail sur son souffle pour enrayer son historique médical difficile... Tout autant pour travailler la souplesse de ses articulations...
Un engagement complet depuis un an...
365 jours à se lever en pensant Ultra, à vivre pour l’ultra, à se coucher en pensant à cette course....
365 jours, celui de Noël , de nouvel an, de pâques, des anniversaires des enfants, du sien... Les jours de maladie, de grosses fatigue, de travaux... Une longue année de préparation et de sacrifice...
L’année dernière il était Finisher du C.C.C, Courmayeur- Champex-Chamonix, la course la plus ingrate, celle que les Chamoniards appellent “la petite”...
Je m’ennerve chaque fois que j’entends parler de cette course ainsi....
Non parceque la “petite course”, comme ils la surnoment fait une pacotille de 86 KM dans la montagne avec une broutille de 4800mmètres de dénivelé positif, soit l’équivalent de grimper le Mont-Blanc et tout ça en moins de 24 heures, là où des randonneurs avertis qui empruntent le sentier de grande randonnée du tour du m Mont-Blanc mettraient 3 jours, mon mari lui l’a bouclé en 22h de course non stop!!!!!
Mais je dois reconnaître qu’à coté de “la grande”, l’UTMB, Ultra Trail du Mont-Blanc, le CCC mérite assez bien son surnom.
C’est que, face à 166km, Face à 9800m de dénivelé positif, face à 46 heures de courses non-stop, 2 jours et 2 nuits sans dormir, juste à courir... Oui, le CCC était la “petite”...
Comme dans un jeu vidéo, après avoir franchi une étape, on à envie de franchir la suivante.... Alors c’est naturellement qu’après avoir bouclé le CCC, il à eu envie de jouer dans la cour des grands fous!!!
Conscient de devoir presque gagner le statut de “surhomme” pour oser espérer vaincre la montagne, Il à effectué un travail énorme, à réalisé des progrès impressionnant, à atteint et même dépassé les limites qu’il s’était fixé pensant alors, atteindre le meilleur de lui même... Semaines après semaines...Le décompte à commencé semaine 50... A peine rentré l’été dernier...
Jusqu’à cette semaine...
Puis J-7, J-6, J-5.... Avec des vacances sacrifiées aux derniers préparatif de cette course sensée marquer un tournant dans sa vie...
Jamais je n’avais connu mon mari sous un tel jour... Ma fièreté et mon admiration n’ont d’égaux que sa détermination et son assiduité.



Quand vendredi 29 Aout , à 18h30 il s’est élancé dans les rues de Chamonix sur la célèbre musique de Vangelis à la conquête de son rêve et de la récompense qu’il cultivait depuis si longtemps, des larmes d’émmotion et de bonheur coulaient sur mes joues...
A 19h50, le téléphone à sonné, je pensais qu’il souhaitait s’assurer que nous étions bien rentrés avec les enfants, quand sa voix au téléphone m’a alarmé, le souffle coupé après 10km, il avait frolé 3 fois l’évanouissement, une douleur insupportable dans la poitrine... Il était à 10 km du prochain centre de ravitaillement, il titubait dans la montagne et avait très peur de mourir, il disait jamais n'avoir été dans cet état, ne pas comprendre et être au plus mal...
Ce n’était tellement pas lui ça...

Le ciel s’est écroulé....
Ce n’était pas possible! Pas si vite! Pas au kilomètre 10!
J’allais parcourir les 30km de montagne pour le rejoindre au prochain camp de base, lui filer un peu de ventoline, du beclospray, je ne sais pas moi , n’importe quoi mais tout cela ne pouvait pas s’arretter ainsi au kilomètre20!!! Pas après tant d’efforts et de sacrifices, la vie ne pouvait pas être si injuste et si dure à la fois!!!

30km en montagne, c’est long, surtout quand celui qu’on aime est mal et loin...
Arrivé à Saint-Gervais, j’ai remonté avec son père les routes qui s’elevaient au dessus de la ville jusqu’à un sentier trop étroit pour s’engager avec le flot de traileurs qui dévalaient le flanc de montagne à la file indienne...
A l’heure où certains comptaient les moutons, moi je comptais les traileurs...
Pas loin de 1500 ont du passer sous notre nez avant de voir Christophe et son frère arriver. Son frère l’avait rattrapé sur la route, et ne l’avait pas quitté sur les 5km qui lui restait à faire avant notre rencontre tant son état le préoccupait.
Quand j’ai vu mon homme s’écrouler sur l’herbe à mes pieds, sans avoir le souffle d’inspirer une bouffée de ventoline en désespoir de cause, j’ai compris la gravité de son état... Frigorifié, tremblant, Il avait forcé et courru en manquant d’oxygène, l’organisme avait donc tourné à plein régime sans carburant et s’était déglingué vitesse grand V. Boitant, nauséeux, oppréssé, il est parvenu avec notre aide au camp de base 1 km plus bas, et c’est sous le regard de nos proches qui avaient fait la route pour l’encourager qu’il à du rendre son dossard en pleurant.

Et voilà... Voilà la fin d’un rêve...
Comme je l’ai écrit dans le message que j’ai envoyé à tous nos proches qui suivaient de près la course “ Plus que le corp qui souffre, c’est l’homme qui à mal , très mal... Les jours et les semaines à venir vont être durs, très durs”.
De retour à la maison, j’ai soigné mon mari qui n’avait pas été dans cet état depuis la méchante grippe qui l’a cloué au lit 15 jours cet hiver...
Ces maux là se soignent, un bain chaud, du motylio... C’est facile!
Le plus dur à soigner , ce sont les blessures du coeur... Celle d’un homme humilié d’avoir du rennoncer si vite après tout ce vécu... Les blessures d’un homme qui n’a pas été à la hauteur de tous les espoirs de ceux qui l’aiment et qui s’en veut, à tort, mais qui s’en veut quand même! C’est bête des fois un homme.

Quelle souffrance de regarder des larmes couler, de ressentir l’immense déception et de ne savoir trouver les mots justes, ceux qui pourraient soulager son desespoir et appaiser sa tristesse...
Il aura fini par s’endormir, tard dans la nuit, triste comme jamais...
La pensée de se dire qu’il y à des cas milles fois plus graves sur cette terre, des gens qui souffrent d’avoir perdu un proche, qui se battent contre la maladie n’adoucit malheureusement pas l’immense chagrin...

Quand à l’aube du lendemain, la première pensée qui revient, les yeux à peine ouvert est le desespoir on se surprend à ne plus vouloir se reveiller , à souhaiter se rendormir longtemps, assez longtemps pour que le chagrin s’évanouisse...
Comme le sommeil peut être bon parfois...Maisil faut se lever et affronter la réalité...Non ce n’était pas un cauchemard, enfin... c’en est bien un , mais bien réel celui-ci...
Et la journée qui s’annonce parait bien vide et bien fade...
C’est un peu comme attendre une coupe du monde pendant 4 ans, se surpasser pendant tout ce temps et se faire sortir au premier tour sans comprendre pourquoi.
Le vide de ce matin ressemblait à celui des lendemain de Noël, quand la fête tant attendue est terminée... sauf que c’est comme si , en plus , il n’y avait pas eu de cadeau...
La nuit n’a pas appaisé l’esprit, les larmes coulent encore... Il est difficile d’immaginer à quoi ressembleront les jours à venir...
Et déjà, une seule pensée s’impose comme une évidence.... Quitter cet endroit...
Ce lieu si chargé de souvenir douloureux, Le sol encore jonché d’étiquette de pansements, les étagères remplies de boîtes de produit énergétique...
Le sac de sport vide git sur le canapé et il faudra le remplir, chaque objet rangé à l’intérieur sera comme un coup de poignard supplémentaire...
Et comme si cela ne suffisait pas, L’après midi il faudra aller à Chamonix récupérer les paquetages déposés pour les ravitaillements de Suisse et d’Italie...
Il faudra harpenter les rues de la ville, foulées la veille dans l’excitation du départ...
Croiser les trailers Euphoriques d’avoirs bouclés le CCC, affronter le regard pourtant sans jugement de celui qui nous rendra les deux sacs qui n’auront pas servis...
Ensuite il aura fallu se rendre sur la ligne d’arrivée pour récupérer la caution des dossards électroniques et des balises poignets...
Cela, Je m’y suis collée seule... Pour lui c’était trop dur.
Les maillots offerts au départ sont au fin fonds des valises, comme témoins et souvenir de cet echec si violent et si douloureux...

“Tout ce qui ne te tue pas te rends plus fort”... J’en suis intimmement persuadée, et si aujourd’hui je ne doute toujours pas j’ai cependant du mal à comprendre le positif des ces 24 dernières heures...
Le Dalaï-Lama expliquerait que c’est comme dans un livre... quand nous sommes trop près on ne peut pas lire correctement et comprendre l’intégralité de l’histoire...
Il nous dirait certainement d’attendre , que le temps livrera les secrets de cette désillusion.

Ce qui est sur, c’est que un peu comme les ricains et leur 11 septembre , il y aura un avant et un après cet échec.

Aujourd’hui, les filles ne comprennent pas...
Tout est allé si vite pour elles qui n’avaient connue que l’euphorie de la victoire de l’année précédente.
Comment leur expliquer ce qui à nous, nous échappe ?

Pour l’heure (samedi 30 Aout - 23H49), les bagages sont pliés et nous avons hâte de retrouver notre chez nous. Un peu comme lorsque nous traversons des périodes de la vie très difficiles, nous nous replions sur nous même, sur la famille que nous avons construite et encaissons jour après jour. Ces périodes difficiles ont été rares dans notre vie, nous avons du en connaitre 3 ou 4, et chaque fois c’est en se soudant encore d’avantage que nous avons surmonté l’épreuve...
C’est sans doute ainsi que cela se passera... Nos amis proches savent que leur compétences ne sont nullement remises en causes et que le silence radio est notre manière à nous de nous reconstruire...

Nous rentrons chez nous dimanche, lundi nous irons consulter le médecin car la douleur dans la poitrine n'est pas partie...
Nous en saurons peut-être plus... On l'espère, maintenant il faut comprendre ce qui s'est passé là-haut....

3 commentaires:

Anonyme a dit…

je suis plus qu'émue de toutes ces lignes ... moi qui suis super sensible, ne peut qu'avoir les larmes aux yeux ...

Savoir mon ami dans cet état et ce, en plein milieux dans les montagnes ... me boulverse, me rend plus que triste... et me fait peur...

Jspr que cela ira mieux de jour en jour et que tu retrouvera cette forme légendaire d'autrefois ...

rétabli toi vite...

grosse pensée pour toi Critof et toute la famille

a bientot !!!!!

gros bisous a tous

Anonyme a dit…

Un pensé pour vous tous dans ces moments difficiles en esperant que Christophe se remete vite de cette épreuve !!!!

Bon courage à lui et à vous tous...

Bises

Anonyme a dit…

On est sans mots... on s'est bien doutés que qqch n'allait pas car la détermination de Christof étant sans faille... m.... aux médoc... allez on est de tout coeur avec vous et puis on sait que Christof est ultra, sa Sophie et sa p'tite famille et sa vaut tous les raids du monde !!! La déception est grande pour vous mais le soulagement plus encore car Christof est sain et sauf et après cette mésaventure c'est un vrai cadeau.
Grosses bises de nous 4
Marjorie