J'ai eu la grande chance de pouvoir assister, dans le cadre de ma vie associative et militante, à une formation sur la Communication Non-Violente... (De plus en plus d'entreprises dispensent ce genre de formation mais encore faut-il pouvoir y avoir accès...)
Une formatrice professionnelle spécialisée en C.N.V, nous a dispensé pendant 2 jours les rudiments de cet art qu'est à mes yeux la non-violence... Dans ce monde où la violence est partout jusque dans notre foyer par médias interposés mais pas seulement...
En petit groupe de 10 militants nous nous sommes livrés à des exercices visant à mettre en avant les différences de perception de la violence dans des situations du quotidien...
Car rien de tel que de prendre conscience de toute la violence que parfois, nous ne soupçonnons même pas, avant de vouloir prétendre y résister ...
Je fus très surprise de découvrir que l'une de mes meilleures amies avait une perception de la violence diamétralement opposée à la mienne sur bien des notions alors que nous sommes très proches et que nous n'avions jamais perçu ce contraste entre nous...
Et ce constat a soudain pris une dimension très effrayante... Des propos, que je peux tenir ou des actes que je peux accomplir avec toute la bienveillance dont je dispose peuvent être reçus et interprétés de manière violente voir extrêmement violente par ceux qui m'entourent sans pour autant que je ne m'en rende compte !
Quelle remise en question !
Au fil des heures, le groupe s'est soudé de chapitres théoriques en exercices pratiques mais aussi d'aveux en confessions...
Nous avons appris beaucoup les uns des autres, découvert des personnalités insoupçonnées l'espace de nos rencontres mensuelles d'une soirée, des liens se sont tissés et une réelle complicité est née...
A la fin de la première journée, chacun est rentré chez soi la tête pleine d'idées nouvelles, disposant désormais de nouvelles armes pour tenter de reconnaître les situations violentes et surtout ce qui les déclenche...
Nous avons alors eu quinze jours entre les deux cessions pour tenter de "digérer" toutes ces nouvelles notions qui venaient perturber nos certitudes intérieures et pour commence à mettre en pratique quelques prémices de non-violence...
Mais les véritables réponses nous ont selon moi été apportées le deuxième jour, samedi dernier.
Une fois que nous étions tous et toutes bien imprégnés du contexte pendant les deux dernières semaines, nous étions alors en mesure d'exploiter "les clefs " de la communication sans heurts... Ou en tous cas "avec le moins de heurts possible" !
Parmi ces secrets, un chapitre sur toutes ces phrases que les spécialistes ont baptisé des "formulations aliénantes" et qui déclenchent chez l'interlocuteur une réaction de repli au minimum et de colère dans la plus part des cas... Et que je souhaitais partager en partie avec vous...
Des phrases que nous avons tous et toutes déjà entendues et qui nous ont blessées telles que :
• "Tu l'as bien mérité"
• "Je te l'avais bien dit"
• Des comparaisons entre frères et soeurs...
Bien sûr j'avais lu dans les livres de psychologie infantile qu'il était mauvais de comparer deux enfants... Mais la comparaison passe aussi par "Moi à ton âge..." qui est déjà plus insidieux...
• A bannir également l'étiquetage systématique genre "Ah vous les jeunes vous ne savez plus vous occuper avec votre imaginaire si vous n'avez pas de portable, ipod, ipad ou autre !"... (Oui, Méa-culpa j'avoue tout... J'ai déjà balancé ça sous le coup de la colère.)
J'ai également découvert le miracle du : "Jamais de "Il faut"" !!! Pour résumer :
Ne dites pas "Il faut que tu ranges ta chambre"...dites plutôt "J'aimerais que tu ranges ta chambre"..
Ce qui en soit revient au même sauf que dans le second cas, on multiplie les chances de réussite sans avoir à se répéter 48 fois (Non je n'exagère pas ! lol) et vous savez quoi ??? CA FONCTIONNE !!!
Si! Si! j'vous jure !
Je l'ai décliné pas plus tard que ce matin en :
Ne dites pas "Mais combien de fois va-t-il falloir que je te répète que je ne veux pas que tu partes au collège avec un sac sur l'épaule (aussi appelé "sac façon pétasse" en cas de grosse colère!) qui pèse plus de 5 kilos !!!Tu veux finir bancale comme tes copines ??? Vas me chercher ton sac à dos tout de suite ! Et je veux les 2 bretelles de mise pour ne pas te bouziller le dos !!! C'est clair ????"
Dites plutôt... " Mon coeur, je sais que je vais te contrarier mais j'aimerais que tu remplaces ton sac à bandoulière par un sac à dos car j'ai peur que tu t'abimes le dos à force de porter si lourd sur une seule épaule... Je ne suis pas contre le sac en bandoulière mais je préfèrerais que tu ne l'utilises que lors de demi-journées peu chargée... Et je te remercie de ta compréhension même si j'ai bien conscience que cela te contrarie"...
Et là oh ! Miracle ! Pas un râle, pas une porte qui claque, ni des pieds en colère dans l'escalier... tout juste un soupir d'exaspération de sa part mais le "sac pétasse" est resté à la maison et le joli dos de mon petit coeur fut épargné ce matin ! Réussir à faire renoncer sans cri ni larme une ado en mode "butée/bornée" depuis des semaines, ce n'est pas une grande victoire de la non-violence ça peut-être???? lol
Alors certes la théorie est une chose, la pratique au quotidien en est une autre...
Et si ce matin j'étais plutôt open et disponible, nous avons bien vu et démontré pendant ces deux jours que la conscience de l'autre, était fortement altérée par l'intensité de nos émotions et que la maîtrise de ses émotions pourrait être le sujet d'une formation de plusieurs semaines que dis-je, avec une mise en pratique et un perfectionnement permanent sans doute !
J'ai donc bien conscience que ces 18 heures d'enseignement et de partage ne nous ont pas transformé en Gandhi ou Mandela... Mais je pense pouvoir écrire que je marche désormais sur leurs traces... encore lointaines mais j'avance dans la bonne direction.;-)
Ce qui est certain, c'est que ces 2 journées ont bel et bien changé ma vie... Et je pèse mes mots.
Alors je n'ai pas encore eu l'occasion de mettre en pratique dans le cadre de nos activités militantes tout l'enseignement reçu mais l'application des exercices au sein de la famille a déjà accompli de véritables petits miracles et évité bien des tensions en 3 jours...
Je publiais dimanche en phrase de la semaine, le titre de l'un des ouvrages les plus connus sur la Communication Non-Violente recommandé par notre formatrice et qui reprend pas mal de trucs que l'on a potassé... Si y'en a que cela intéresse et qui ne peuvent avoir accès à cette formation... Le bouquin n'est pas trop cher (17 euros et sur le boncoin je l'ai trouvé pour moins de 3,50 €!!!) Les 3,50€ les mieux investis de ce début d'année ! lol
3 commentaires:
d'habitude, je dis à mon fils: "chéri, tu peux sortir ton cartable pour faire tes devoirs STP"? Sans aucun résultat............je vais donc essayer "Chéri, j'aimerais que tu sortes ton cartable pour faire tes devoirs, STP"....te tiens au courant si ça marche, parce que là aussi, y a du boulot ! ;-)
rosine
Autre bouquin, plus facile d'accès que celui de Marshall: "Cessez d'être gentil, soyez vrai!", de Thomas D'Asembourg. Qui reprend la CNV avec plus d'exemples et me semble t'il moins de "technique".
Pour l'accompagnement des enfants, il existe des ateliers "Faber et Mazlich", passionnants. Y en a à Lille, on les a fait l'an dernier. L'asso "petites graines" est géniale et propose plein de rencontres autour d'un accompagnement non-violent et respectueux des loulous!!
Sinon aujourd'hui c'est grève ici, et les enfants en profitent pour construire...un igloo dans le jardin!
Je t'envoie des bisous tout blancs et doux!
Maylis
alors, j'ai testé....j'ai dit à mon fils: "chéri, j'aimerais que tu sortes ton cartable pour faire tes devoirs" et bien j'voul'donne en mille! il m'a répondu: "mais maman, ce que tu dis c'est un souhait, pas un ordre..." J'étais baba...il a 7 ans et demi....alors il a bien noté le changement de style et de ton....pour autant, il ne s'est pas exécuté........bah oui, comme c'était pas un ordre.......va falloir le "déformater celui là!!
bizz
Rosine
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