En mai 2008, l’association de protection de l’environnement Robin des Bois publiait sur son site la première édition de l’Atlas des sites pollués aux PCB (1) sur l’ensemble du territoire français, métropolitain comme Outre-mer. On recensait alors 361 sites terrestres présentant une pollution aux PCB. Par sites pollués, on entend « des bâtis ou des sols ou des sous-sols industriels ou d’autres lieux qui en conséquence de dépôts, d’infiltrations ou d’épandages dans le cadre d’activités autorisées, illégales, défectueuses ou d’origine accidentelle ont été le réceptacle de substances contaminées aux PCB ».
Faisant suite à ce premier bilan, l’association a mis en ligne sur son site, le 23 février 2010, une version actualisée de cet inventaire national. Or, nulle trace d’amélioration ne transparaît dans cette mise à jour, bien au contraire. Pour preuve, le nombre de sites répertoriés est passé de 361 à 404 en l’espace de deux ans. Les bassins de la Seine et du Rhône, les lacs alpins, le Rhin, la Moselle, la Somme et leurs affluents, ainsi que le Nord Pas-de-Calais et ses canaux renferment des agrégats issus de sites PCB.
Voici la carte générale mais le site de robin des bois abrite un atlas bien plus détaillé auquel vous pourrez accéder en cliquant ICI
L’inventaire se divise en quatre listes. Illustrant le degré de gravité le plus élevé, la liste noire concerne deux sites producteurs de pyralène et de PCB à Pont-de-Claix (38) et Jarrie (38) au bord de la Romanche et du Drac, ainsi que 20 fabricants de transformateurs et condensateurs électriques. A l’instar du site de la Savoisienne d’Aix-les-Bains, au bord du Lac du Bourget, nombreux sont les sites à avoir été le théâtre de déversements, d’égouttages et d’épandages. Second niveau, la liste rouge comprend 41 sites de stockage, de récupération, de maintenance, de vidange ou de retraitement de transformateurs et d’autres équipements électriques ou huiles contaminés aux PCB. Parmi eux, 13 sites ne sont pas inscrits dans la base de données BASOL rattachée au ministère de l’Ecologie (2). Enfin, la liste orange s’applique aux bâtis, aux sols, aux sous-sols, et éventuellement aux eaux souterraines et superficielles contaminés par les PCB après des accidents de transport ou dans des installations fixes, des fuites, des incendies, des inondations, la foudre ou d’autres causes inconnues. Il s’agit majoritairement de fonderies, de récupérateurs de ferrailles, d’usines de traitement de métaux ou d’activités diverses aujourd’hui éteintes, de décharges ou de remblais. Cas particulier, la liste jaune se rapporte aux sites pollués par des ouvertures ou des manutentions sauvages de transformateurs en vue d’en extraire le cuivre.
Les anciens dépôts de goudrons issus de la régénération des huiles usées n’ont pas été intégrés à la liste des sites pollués aux PCB, même si Robin des Bois insiste sur la nécessité de les placer eux aussi sous surveillance.
Loin d’être ponctuelles, ces pollutions se propagent, laissant présager la contamination future et progressive de plus en plus de zones. En effet, « Les PCB sortent des parcelles initialement polluées, se répandent dans les caniveaux, contaminent les sédiments des ruisseaux et se concentrent dans les vases des cours d’eau et des estuaires puis dans les chaînes alimentaires aquatiques et marines ». A l’heure actuelle, parmi les nouveaux points ajoutés à l’atlas, la société CNI Courtage Négoce International, basée à Marcilly (77), fait partie des sites ouvrant la voie à « une filière de contamination ». Spécialisée dans la collecte, le traitement et l’élimination des déchets, la récupération et la régénération, elle a démantelé des transformateurs électriques au PCB et présente une traçabilité des huiles vidangées pour le moins suspecte.
D’après l’association, la politique actuelle de relance de l’économie nationale incite à « revitaliser » des friches industrielles urbaines en abaissant les niveaux d’exigence environnementale et sanitaire. Pour ne pas voir cette situation s’enliser, Robin des Bois a donc porté plainte contre X devant les Tribunaux de Grande Instance de Paris, Rouen, Le Havre, et Lille, Valenciennes, Douai, Béthune pour pollution des eaux douces et salées et mise en danger de la vie d’autrui.
Cécile Cassier
1- Les PCB représentent une famille de 209 composés organochlorés. Nuisibles et peu biodégradables, ils sont classés parmi les polluants organiques persistants (POPS). Les polychlorobiphényles sont parfois dénommés à tort 'pyralènes', du nom commercial de préparations huileuses qui les intègrent dans leur composition.
2- La base de données BASOL référence « tous les sites pollués, ou potentiellement pollués, appelant une action des pouvoirs publics, à titre préventif ou curatif" »
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire